Archives mensuelles : septembre 2009

Passage post « club des 5 »

Pourquoi le genre musical connu sous le nom de « rock’n roll » conserve –t-il son extraordinaire popularité ? Né vers 1954, il a été accusé de « faire appel aux plus bas instincts », de « cultiver la bestialité et la vulgarité ». Nombres d’organisations, religieuses et autres, indignées par les désordres auxquels se sont livrés de jeunes auditeurs après certains concerts, ont été jusqu’à réclamer son interdiction pure et simple.
Et pourtant le « Rock » a maintenant largement doublé le cap où s’échouent les simples caprices de la mode. Il dure parce qu’il répond à un besoin profond, que peut satisfaire l’élément de base – et le seul indispensable – de tout « rock’n roll » : son rythme immuable, sommaire et lourdement appuyé.
Le « Rock » se passe généralement de la construction en trente-deux mesures de la chanson populaire traditionnelle ; il se borne à répéter obstinément un refrain à huit ou douzes mesures.
Quand l’auditeur s’abandonne au rythme, il largue mentalement ses amarres dans l’espace et dans le temps ; il ne se sent plus séparé de ce qui l’entoure. Le monde compliqué des objets extérieurs devient flou, irréel ; seul demeure réel le battement intérieur, dont le rythme musical constitue le prolongement. Les soucis matériels disparaissent, submergés par le flot d’une exaltation grandissante. Le rêveur ne fait plus qu’un avec son rêve, l’objet et la sensation se confondent. L’univers entier se ramène à une cadence qui amalgame toutes choses en une seule masse percutante, aussi indiscutable, aussi irrésistible que le régulier d’un marteau-pilon.
Le rock est la seule forme de musique moderne qui recherche délibérément ces effets à l’exclusion de tout autre. Sans doute parvient-on au même résultat par le jazz, mais l’essence du jazz est dans l’improvisation continue qui fait appel à une gamme expressive très variée et réclame l’attention la plus soutenue. Le « Rock » au contraire, émousse la faculté d’attention ; sa cadence obsédante engendre une sorte de monotonie hypnotique. Vu sous cet angle, il n’est que le dernier né d’une famille de rites qui, dans de nombreuses sociétés, ont servis ou servent encore à créer une ambiance d’extase mystique, généralement liée au sentiment religieux.
Capable d’apporter de pareilles satisfactions émotionnelles, le « Rock » a envahi le monde entier avec un succès qu’aucune forme populaire n’avait connu jusqu’alors. En Grande-Bretagne, par exemple, des émeutes ont marqué la sortie de chaque film ayant pour vedette Elvis Presley ou Bill Haley. La reine Elisabeth elle-même a demandé une projection privée du film de Haley, « Rock around the clock ». Et Bill Haley en personne, cet ancien chanteur d’airs populaires du sud des Etats-Unis, était en tête d’affiche à la fête donnée au duc de Kent à l’occasion de son vingt et unième anniversaire.
Pourtant ce sont des filles et des garçons de 13 à 15 ans qui achètent la plupart des disques « R’n’R ». S’il faut en croire l’explication d’un auteur spécialisé dans le « Rock », c’est dans ces âges là que les enfants forment une véritable communauté. A cette époque de leur existence, tout ce qu’ils font est fait en commun et de façon identique. Plus tard, ils se dispersent. Les groupes se disloquent pour se reformer de façon plus complexe. Mais au moment où l’adolescent est près pour cette mutation, le « Rock » s’est déjà incrusté dans ses habitudes d’esprit ; il a sans aucun doute contribué à préparer l’essor des moins de vingt ans » qui, s’il cesse d’acheter des disques, acceptera néanmoins la musique de « Rock » dans son fond sonore quotidien, tout comme le citadin accepte le bruit de la circulation automobile. On peut se demander pourquoi, aux approches de la puberté, les jeunes se laissent séduire par le « R’n’R ». Que leur apporte-il au juste ?
Bon gré mal gré, l’adolescent est aux prises avec les difficultés que présente son passage à l’état d’adulte. Il n’est plus un enfant, et, pour lui, les occasions de jouer se font nécessairement de plus en plus rares. Il doit déjà penser aux choix qui l’emprisonneront peu à peu dans un genre particulier d’études, une profession unique. Il lui faut, e tout cas, s’incorporer à la société telle qu’elle est et vivre dans le cadre de ses valeurs.
Sortir de l’enfance c’est pour lui, perdre des biens précieux : l’irresponsabilité et la liberté qui en découlent. Il est, de ce fait, inévitable que l’adolescent se sente cruellement frustré et qu’il éprouve le besoin d’exprimer son ressentiment. A mon sens, le « rock’n roll » lui rend un double service : il le met en contact avec ses semblables et, en même temps, offre un exutoire relativement inoffensif à ses tendances anti-sociales. Y a-t-il là une contradiction ? C’est possible, mais ne voit-on pas dans le monde moderne quantité d’adultes qui se « remontent » à coups de stimulants, quitte à se calmer ensuite avec forces tranquillisants? La stabilité superficielle de notre société est en grande partie maintenue par des forces qui, comme le « rock’n roll », ne suscitent l’agitation que pour l’apaiser.
Le « rock », en effet, fait toujours deux choses à la fois. S’il semble encourager le désordre et la destruction, il faut remarquer qu’il épuise les instincts belliqueux et destructeur avant qu’ils aient pu s’extérioriser de façon vraiment concrète. En revanche, si les paroles sont innocentes, le rythme orgiaque de la musique est propre à inspirer les plus folles pensées. En bref, le « rock’n roll » permet aux « moins de vingt ans » de venir à bout de leurs griefs et de leurs instincts agressifs non par l’analyse, la critique ou la révolte sociale consciente, mais par l’abandon à l’action libératrice d’un remède à leur portée.
Le « rock’n roll » lui, traite le thème du grand amour avec une ambiguïté caractéristique. En paroles, il affecte généralement de s’y conformer ; mais sa musique plaide en en faveur du désir inexprimé d’envoyer tout promener. Nombre d’exemples anciens ou complètement récents le démontrent et pour exemples: Les Stones, Morisson, Joy division, Patti Smith à Doherty, Lilly allen, Artic Monkeys, Amy whinehouse…, (pour parler des plus connus). Notre culture commune woodstockienne et les standards de nos mentors restent inchangeable, ces compositeurs qui nous inspirent, que l’ont perpétue, à notre manière, l’esprit indépendant, frondeur, émotionnellement investi et qui nous laisse la possibilité d’évoluer continuellement, rendant possible la vague de souffles différents sur cette forme unique de musique : électro, psychédélique, poésie douce, ect… apportant un goût nouveau mais ayant le même but commun. Et bien que ces paroliers expriment la détresse classique du cœur brisé qui ne peut plus vivre sans son grand amour, le rythme cahotant des chansons inspire un tout autre sentiment : l’envie de foncer en cadence sans se soucier des peines de cœur et autres anicroches. Le « moins de vingt ans » peut ainsi honorer en paroles ce qu’il renie en musique et, tout en feignant d’éprouver les traditionnels chagrins d’amour, se disposer à en prendre son parti.
Ce n’est pas seulement en ce sens que le « rock » aide à franchir l’abîme qui sépare l’enfance de la véritable indépendance des adultes. Pour des millions de jeunes qui, l’an dernier,ont mis dans le commerce des millions d’euros, le « R’n’R » est une spécialité, un signe de ralliement. D’autres peuvent écouter cette musique mais elle appartient à ceux qui ont grandit et grandissent dedans ainsi qu’aux jeunes parce que ce sont eux qui la financent. Le fait que certains adultes ne peuvent pas la souffrir lui confère un charme supplémentaire aux yeux des adolescents. Il leur plaît d’opposer au monde des adultes quelque chose qui est bien à eux, mais leur défi relève plus de la rivalité que de la rebellion.
Et nous touchons ici à ce qu’il y a de plus déconcertant dans le « rock’n roll ». Il accepte et rejette simultanément les valeurs de notre société sans passer par l’étape de l’examen critique. Il ne fait aucun effort pour affronter les réalités. C’est simplement la musique des jeunes gens qui sont tour à tour des rebelles désabusés et des cerveaux organisés ou, des rebelles désabusés en train de devenir des cerveaux organisés.                                                                                                    

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